interview : Saint André lez Lille / Loïc et Cyprien-3

Collectif tous acteurs de notre ville, septembre 2018 :

A la suite du passage de Tristan Rechid, un groupe d’habitants se décide à lancer un cycle de cafés citoyens.
En reprenant le slogan de Tristan « le politique c’est l’habitant », a émergé l’idée de stimuler les énergies dans la ville, de bien dire que ce cycle existe parce qu’il va y avoir des élections en 2020.

« Les autres candidats ont brouillé les pistes tant qu’ils ont pu, côté participatif, écologique. La maire sortante a osé mettre « liste participative » et « vers la ville durable », tout repeint en vert… »

Premier tour, puis confinement, des malades Covid dans les bureaux de vote.
On avait juste envie du deuxième tour, plutôt que de repartir en campagne tout l’été.

Résultat du premier tour : 23.35% pour Osons, participation 42.55%
Résultats du deuxième tour :
42.10% pour Osons, participation 35.52%

On est contents de ce qu’on a fait, même graphiquement, la campagne ringardisait nos concurrents 😉

Le terme « Osons » vient de Christian Proust,
il y a l’expression de prendre un risque, ce qui était notre cas, Loïc n’y était pas favorable, à cause de l’injonction d’oser, qui ne correspondait pas à l’intention de la population, mais, au final, pas de regret.

Un tunnel de quelques mois, très dense, (c’est dur de tenir 6 mois), il y a eu des pressions importantes, sur les électeurs, sur les services, et lors de la présentation des listes, au premier tour.
Pas de discussion, la liste a été déposée dès le lendemain, et le lâcher-prise, comme on sait le faire dans le Nord, après le premier tour, a été total.

Au deuxième tour, confinement,
angoisse de ne reprendre qu’en septembre, tout aurait été à refaire. Bon, un mois finalement, c’est mieux, mais ça reste super long, surtout avec des coups bas constants.

Les rancœurs s’expriment (particulièrement envers les groupes partisans), et pendant le deuxième tour avec des rendez-vous dans les quartiers, et on s’est mis à flipper en pensant qu’on allait peut-être gagner ! Mais le niveau de participation, tellement décevant… Et on a pris ça comme « on n’a pas réussi à mobiliser ».  35% de participation, la peur au ventre.

Pour l’après, l’orga du groupe était calée sur le sujet des élections.
Juste derrière, ce sont les conseils municipaux, puisque 7 élus d’opposition. Et là ça a été le rush.
Du coup, Osons, un appareil conçu pour gagner les élections, qu’est-ce que ça devient ?
Et le Collectif, on en fait quoi ?

Côté Osons, on active la structuration autour d’un groupe avec des objectifs. L’idée de faire une asso a été abandonnée au profit d’actions vers le conseil municipal.

Le Collectif, lui, s’est reformé, débarrassé du lien impératif avec le conseil.

Ça a été compliqué de séparer Osons du Collectif, mais plus encore de parler de l’un au sein de l’autre.
Il y un projet d’asso pour le Collectif.
Un travail autour d’un groupe constitué autour d’élus, et au service des habitants dans la mesure des moyens dont Osons dispose au conseil municipal.

Evidemment, sans l’expérience du collectif, toute la formation qu’on y a reçue, et l’imagination née autour des valeurs partagées, rien n’aurait eu lieu.

Pendant le deuxième tour, on a été vus comme voulant manipuler l’élection,
et, comme tout va très vite, on a éprouvé une vraie difficulté à diffuser l’information que l’on voulait faire passer.
Toute l’expérience qu’on a vécue, y compris le côté affectif, on avait l’impression que ça transparaissait automatiquement, alors que non, rien n’est passé auprès du public.
Et tout l’apprentissage, les efforts d’animation, même ceux qu’on a fourni au sein d’Osons, c’était tellement en décalage par rapport à la réalité de fonctionnement de la plupart des gens. On s’est dit qu’on était trop dans l’entre soi.

Comment faire passer la méthode ??

débat de réorientation budgétaire : nouveau DGS, 7 élus pour Osons, quelque chose prend forme, mais il y a une rotation d’élus potentielle, ceux qui vont démissionner comme Loïc.
Ceux qui nourrissent le débat (à l’extérieur) certains sont à l’intérieur d’Osons (trop nombreux (40, 33 de la liste ++) encore pour Cyprien). Les outils sont encore peu stabilisés, c’est difficile de demander aux gens dans ces conditions de participer.
Ce qui est envisagé pour le moment, c’est

  • 1- un travail autour du conseil municipal
  • 2- un travail de ressource auprès des habitants (les accompagner pour porter des idées)
  • 3- pédagogie vers l’extérieur, dire ce qu’on fait, ce qui se passe etc…

Pour que tout ça mature, il y a un fort travail de pédagogie à mener, on doit donc imaginer des groupes ouverts, qui, sans déstabiliser le processus global, vont venir une fois, ou quand ils le sentent, participer au processus. Ça suppose de la part de l’équipe, un rodage suffisant pour pouvoir accueillir des gens et leur expliquer le fonctionnement municipal, poser une question, s’identifier à la place d’un élu, voir les choses de l’intérieur.

L’ambition d’Osons, c’est de créer des groupes contributifs, avec un va et vient permanent, et facile, entre les habitants et le conseil. C’est une grosse ambition.
Après, aller plus loin, la transition, l’assemblée locale, c’est un sujet du collectif.

Si déjà on arrivait à faire remonter des intentions des gens au conseil, ce serait l’embryon d’un processus participatif satisfaisant, nouveau, l’écueil étant que les élus ne peuvent pas parler « au nom d’eux-mêmes ».

On s’est battus pendant six ans pour ne pas être qualifiés « d’opposition » mais de « minorité », c’est notre vocable.

Mais on ne peut pas se contenter de ce rôle d’élu minoritaire, la Maire actuelle nous place de fait dans le rôle d’opposition, tout en utilisant le vocable de minorité, mais on reste à mille lieux des valeurs qu’on a porté, la boussole et le Pacte, et du coup, est-ce qu’on peut se contenter de s’opposer au fonctionnement de la majorité qui s’éclate, en mode totalement pyramidal, que les éléments principaux sont partagés entre le maire et son cabinet des plus proches, même pas quelques adjoints à côté, provoquant déjà un retrait de délégation d’un adjoint, ce qui présage que cette majorité ne tiendra pas six ans. P’têt qu’on va gagner 😉

Et, encore une fois, dans Osons même, on sent la nécessité de se former, au sein des élus, et au-delà, que chacun touche du doigt les bases des outils de l’UDN, qui restent compliquées à mettre en œuvre.

On n’est pas bons, par exemple dans les processus, au conseil, on est dans le cas d’un animateur partie prenante, décideur, la Maire,
pas de cadre posé, même en ce qui concerne les horaires, pas d’ordre du jour, rester dans le sujet, pourquoi on ne dit pas certaines choses qu’on a envie de dire. Ca plus le Covid…

L’idée de l’objection n’est pas d’éliminer l’objecteur, mais de lever l’objection, c’est quelque chose de grave dont on doit se préoccuper, y compris quitte à ne pas traiter le sujet si elle ne peut pas être raisonnée.
En disant ça, on se fait traiter de manipulateurs.

Par exemple, un formulaire à traiter avec une question simple, réponse du vote 15/16.
Dans notre culture du collectif, ça passe sur le fil, ce qui veut dire que ça n’est pas juste, exclure 15 personnes, c’est chaud.

On a donc proposé de reformuler pour trancher, et là, ça a été pris comme une manipulation parce que remise en question du résultat du vote majoritaire.
« C’est comme ça ! On m’a toujours appris que c’est ça la Démocratie ».

On avait fait un exemple pour une affiche exposée au « vote pondéré ».

  • L’idée était un « escape game » pour les trois candidats de la majorité style « Ils veulent s’accrocher au pouvoir, on va les aider à sortir » pour participer au jeu, inscrivez-vous sur les listes électorales…
  • Premier tour, majorité de « pour » (15/5)
  • Expression minoritaire, 1 mn par personne, problème de valeurs
  • Deuxième vote, la majorité « pour » est inversée
  • Re expression de la minorité
  • Troisième vote, le « non » est confirmé majoritaire.

Il y a eu des protestations contre le process jugé « pas décisionnaire », surtout venant de membres de partis. Le côté exercice, destiné à montrer l’importance de l’expression du groupe n’a pas été compris. Et ce que les gens « contre » ont exprimé bloquait nos propres goûts.

Beaucoup de gens préfèrent les choses simples,
ils veulent adhérer, pas donner leurs avis. Être « embarqués » par quelqu’un qui va les rassurer.

La question de la rétribution des élus et des équipes contributrices est au cœur du débat. Que veut-on financer ?

Loïc pense qu’il faut devenir un peu plus « radicaux » dans nos prises de paroles,
parce que le réveil citoyen n’arrive pas, le changement non plus, et qu’il y a trop d’inertie pour faire bouger le système de l’intérieur.