Collectif tous acteurs de notre ville, septembre 2018 :
A la suite du passage de Tristan Rechid, un groupe d’habitants se décide à lancer un cycle de cafés citoyens.
En reprenant le slogan de Tristan « le politique c’est l’habitant », a émergé l’idée de stimuler les énergies dans la ville, de bien dire que ce cycle existe parce qu’il va y avoir des élections en 2020.

Notre formule à l’époque :
« On veut faire émerger une liste, mais pourvu que ça ne soit pas nous »
Nous, c’étaient ceux qui, en 2014, étions montés au créneau, obtenu 1 élu, et œuvré pour le réveil citoyen.
« Nous avions fait la première partie, restait à éveiller les consciences pour que d’autres en assurent une deuxième ».
Être élu, c’est dur.
Dès juin 2019, on a démarré des discussions avec différents groupes d’acteurs de la ville (dans la même soirée LFI et la REM, ce qui n’a pas été forcément compris), les associations sportives etc… On est resté droits dans nos bottes en rencontrant ces groupes, en leur disant exactement ce qu’on voulait faire : rassembler des gens ouverts d’horizons différents, pour une recherche purement démocratique du plus petit dénominateur commun de ce qu’on avait « dans les tripes » et qui nous permettrait de discuter avec le maximum de gens :
- Indépendance hors parti
- Pas d’homme ou femme providentiel
- De la méthode
- Ambition et audace

Ça nous a semblé suffisant et assez sincère pour aller questionner le rôle que chacun devait jouer dans un projet commun en évitant les pièges de récupération, et suffisamment audacieux pour, à huit mois du scrutin, sortir des sentiers battus et envisager « autre chose ».
Entre temps, le festival Curieuses Démocraties en Novembre, le cycle de 6 mois de cafés citoyens, des discussions à bâtons rompus de plusieurs mois, tout ça dans le contexte d’une ville de 12500 habitants vivant un gros accroissement de sa population en première couronne de l’agglo de Lille, un maire sortant presqu’au bout de trois mandats, le troisième étant inachevé parce qu’il a été nommé sénateur, un majorité locale qui se divise, et une maire remplaçante qui se fait malmener de tous bords, et, pour finir, le sénateur qui revient dans la course.
De la bonne politique « politicienne » bien de chez nous, donc, et trois listes déclarées, de la même famille politique majoritaire, sans aucune alternative en face.
Un moment fort pour le collectif a été l’accueil du festival « Curieuses Démocraties » : Il a été assez brutalement révélateur du fait qu’on n’a pas réussi à mobiliser des gens, même ceux qu’on avait rencontrés et qu’on croyait séduits par l’idée de créer quelque chose de différent autour de cette question citoyenne.
Comment les gens du collectif ont-ils vécu cette période ?
Les cafés citoyens, c’était un par mois, beaucoup de boulot pour organiser. On s’est sans doute laissé dépasser parfois, mais globalement, c’était plutôt réussi.
Un peu avant « Curieuses Démocraties », on a invité beaucoup de monde dans un format assez ludique, autour de trois tables de jeux d’initiation à des techniques d’animation. Ça avait été magnifique, tout le monde se souvient de Julie à l’animation, un instant un peu magique qui a brassé tous styles de public, (une table sur le fonctionnement municipal avec des cartes à assembler, une autre sur les problématiques locales à partir d’images, etc) Les réactions ont été assez claires : les gens « lambdas » ont bien aimé la formule, joué avec leurs enfants, mais ceux qui étaient engagés dans des processus politiques ont trouvé ça futile et négligeant la gravité des urgences électorales.
C’est le moment précis où l’on s’est sentis en devoir d’assumer un leadership en vue de l’élection, ce qu’à la base on voulait à tout prix éviter. Pression toute particulière sur Loïc, l’élu de l’époque, qui refusait de se représenter, mais vers qui pourtant tous les regards se tournaient :
« Alors quand est-ce qu’il annonce qu’il se présente ? »
Au sein du collectif, on a martelé au cours du mandat qu’une ville se « prend » en préparant cette conquête au moins deux ans avant. Loïc ne voulant pas se représenter, rien n’avait été mis en œuvre dans ce sens.
A l’extérieur, en revanche, adversaires et sympathisants renvoyaient la certitude qu’il serait le visage du changement. On a essayé plein de stratégies pour casser cette image de candidat inévitable, et au final, les gens sont tous venus pour rencontrer Loïc.