interview : Saint André lez Lille / Isabelle-1

Collectif tous acteurs de notre ville, septembre 2018 :

A la suite du passage de Tristan Rechid, un groupe d’habitants se décide à lancer un cycle de cafés citoyens.
En reprenant le slogan de Tristan « le politique c’est l’habitant », a émergé l’idée de stimuler les énergies dans la ville, de bien dire que ce cycle existe parce qu’il va y avoir des élections en 2020.

« Moi, j’ai passé quarante ans à Lille, jusqu’en 2018, où j’étais salariée de la mairie et militante du PS, et, avant, j’ai eu une expérience de campagne auprès du PC avec Jacques Ralite, à Aubervilliers. »

Le Collectif m’a attirée par ses cafés citoyens, qui donnaient l’occasion aux gens d’exprimer des idées. C’était très bien animé, novateur, et très intéressant.
Ça a été une aventure humaine formidable, mais le trop d’écoute des idées dans le collectif mettait de l’inertie dans la décision. Mon seul regret sur la campagne c’est le retard pris.

Il y a eu un problème sur la composition de la liste,
le fait d’en déléguer à deux personnes la cohérence. Et certaines des personnes qui la composaient ne connaissaient rien à la gestion de la ville, il y a un manque à ce sujet. En tant que conseiller municipal, on doit connaître les mécanismes de décisions de la commune. Il aurait peut-être fallu former les candidats avant.

On a glissé dans la liste des gens qu’on ne connaissait pas assez. Et puis c’est surtout une question d’ordre dans la liste, on aurait dû laisser la place à des jeunes, de ce côté, ça a été bâclé.
Il n’y a pas eu de difficultés avec l’intégration des groupes partisans, quelquefois certaines idées très arrêtées sont un peu bloquantes, mais finalement il y a eu beaucoup de compromis faits.

La vie politique ça bouffe la vie :
à Lille, si tu ne disais pas « comme » Martine Aubry, ouste, dehors…
Avec le recul, la maire de st André va nous réduire toujours à la portion congrue, considérant que :
« Moi j’ai été élue, je me fiche de ce que vous pouvez dire ! »
Ces maires verrouillent tout, et dès que certains cherchent à innover, ils sont tués.

Les élus intelligents pourraient admettre qu’il y a de bonnes propositions dans l’opposition, mais ils n’en tiennent pas compte. Je pense du coup que la plupart des élus actuels de l’opposition ne tiendront pas. Ils craqueront avant la fin du mandat.

C’est compliqué de se retrouver élu minoritaire dans un conseil, c’est un gâchis de compétences et d’imagination. Pour finir, travaillant au CCAS de ST André, j’ai proposé de créer un poste travailleur social, et personne n’a entendu. Du coup, est ce que ça a du sens d’être là ?

Pour moi, si on n’emporte pas la commune, il faut laisser tomber le combat. En revanche, il faut raconter ces déceptions, il faut montrer ce manque de démocratie.

C’est le système de représentation qui ne va pas.
7 élus, la maire aurait pu donner une présidence de commission à un d’entre nous, mais non. Les commissions ne servent à rien, d’ailleurs.

Ce qui me manque, maintenant, c’est toute la partie réflexion et prospective qui a été menée, et comme ceux qui sont élus sont absorbés par la vie du conseil, ils perdent totalement leur créativité, ils deviennent purement gestionnaires, et c’est dommage.
Les autres vont tomber de haut, tout est plombé.
Les gens comme Cyprien sont intelligents, ils arrivent à proposer des choses même si ça ne sert à rien. Si tu y vas quand même, c’est parce qu’à un moment tu crois que les gens vont comprendre. Mais la plupart des conseillers municipaux sont aux ordres.

Moi j’ai fait toutes les boîtes aux lettres, autour de moi,
environs 150.
Mais les gens ne s’intéressent pas plus que ça aux affaires de la commune, ils nous trouvent sympa, mais bon. Et si nous ne sommes pas capables de réunir sur des causes communes, il faudra plus de situations critiques affectant directement les habitants. Il faut ne pas faire à leur place, mais être à côté.
Avec eux, on n’a pas su faire : le citoyen lambda délègue sa parole à un élu, garde le reste de son temps pour la famille, la télé, ils préfèrent s’agiter dans la rue, façon gilets jaunes, que s’investir dans les affaires de la cité. Aujourd’hui, sachant ce qu’on connait, on ne referait pas la même chose.

Je suis venue au Collectif pour rencontrer des gens neufs.
Les gilets jaunes auraient pu aller au sein du PC, pourquoi ne se sont-ils pas investis ?
Mais est ce que ceux qu’on a mis sur la liste sont vraiment prêts à apprendre ce que ça représente comme travail ? Il y a plein de belles personnes qui vont s’essouffler, perdre leur énergie.
Aller sur les marchés, ce n’est pas productif. Les cafés citoyens, qui était très bien animés, n’attiraient pas beaucoup de gens. Le désir de s’engager disparaît devant le train-train qui reprend vite le dessus.