Collectif tous acteurs de notre ville, septembre 2018 :
A la suite du passage de Tristan Rechid, un groupe d’habitants se décide à lancer un cycle de cafés citoyens.
En reprenant le slogan de Tristan « le politique c’est l’habitant », a émergé l’idée de stimuler les énergies dans la ville, de bien dire que ce cycle existe parce qu’il va y avoir des élections en 2020.
Déborah :
Moi, pour 2020, j’avais vraiment envie de continuer à porter cette parole citoyenne.
Après avoir rencontré Tristan, puis la Belle Démocratie, (d’ailleurs, lors du Curieuses Démocratie, j’étais venue alors que j’avais pris pas mal de distance), revoir tout le monde, là, ensemble, avec des gens venus d’un peu partout en France, cette énergie, je me suis dit :
« ah ouai ! »
Ce moment m’a fait beaucoup de bien et m’a donné envie de prolonger l’aventure, sans le festival, je n’aurais pas été dans Osons.
J’y ai retrouvé les amis, le plaisir, etc…
Ça sert à ça, ce genre d’évènement, revenir sur le chemin, et se confronter au regard des citoyens.

Après, en ce qui concerne le phénomène politique à Saint André, ce n’était pas possible de laisser une majorité divisée en trois, qui, pendant son mandat, n’a fait que juste le minimum, et laisser la ville aux mains de gens qui ne s’étaient jamais préoccupé du bien commun, et n’étaient même pas capables de faire corps au moment des élections.
« allez, on y retourne, et on propose au moins quelque chose ! »
Mais de mon côté, pas d’intellectualisation, juste de l’intuition et de l’allant.
Emeric :
Avec la possibilité pour Deborah de s’avancer, de se mettre en retrait, de se ménager.
Déborah :
D’ailleurs ce n’est pas toujours compris au sein du groupe. Mais pour moi, c’est à prendre ou à laisser, je n’ai pas signé un engagement à tant d’heures par semaine. Avec nos six ans de recul, on sait qu’on ne pourra pas être là à fond la caisse et tenir sur la durée, avec, en plus, les vies qu’on a, et qui comptent, réellement.
Je préfère être là quand je peux, et me mettre en retrait quand je sens qu’il le faut, plutôt que de me forcer et de lâcher prise quand ce n’est plus supportable. C’est plus honnête.
Et il ne s’agit pas de se mesurer aux autres, on a chacun nos limites, nos priorités, faire ensemble c’est aussi prendre soin de soi.
Dans un collectif, nul ne doit être indispensable. Personne ne me remplace en tant que Deborah, c’est sûr, mais le groupe doit être multiformes et ne doit pas reposer sur la personnalité et le potentiel de l’un.e ou de l’autre.
Le problème c’est que la disponibilité importante des uns, quelquefois, ne laisse pas la possibilité à d’autres, moins libres de leur temps, de se trouver une place.
Emeric :
Dans les cafés citoyens, quasiment tous les mois, il y avait deux aspects :
- Chez les organisateurs, beaucoup projettent leur vision en réunion, mais ne sont pas là aux rendez-vous. Et si personne ne fait, si tu te mets en retrait, les projets meurent.
On me disait « demande de l’aide ». Ce n’est pas spontané, et souvent, quand tu en es à demander cette aide, c’est déjà foutu. - Tout le monde est d’accord sur l’objectif, les cafés devaient libérer la parole citoyenne, mais beaucoup des participants sortaient en disant, « oui, mais comment passer à l’acte ensuite ? »
Sur quelques cas concrets, notamment sur les SELS, on a eu du monde, (Ratintout, qui n’a pourtant pas marché tant que ça).
Déborah :
Il nous a surement manqué l’âme d’un leader, ou un groupe suffisamment soudé pour aboutir, et dès que le noyau du collectif n’a plus été là pour mettre l’énergie, il n’y avait plus de pilote.
On a relancé la machine en mars, mais ça vaudrait le coup de lancer une analyse pour voir pourquoi ça ne prend pas plus que ça.
Emeric :
Il y a besoin d’un facilitateur, d’un porteur de projet.
Alain, fait de la bière chez lui, il a lancé un atelier brasserie, ça a réellement bien marché, mais personne n’était là pour garantir le cadre qui n’a pas été « approprié ».
Eclaircir les attentes, aussi : se rencontrer et s’entraider est la demande identifiée. Mais le lien avec la Transition n’est pas vraiment clair.
Nous proposions un système, au début, les gens adhéraient, pdf à lire, rencontres physiques, mais s’il n’y a pas d’application pratique, l’énergie meurt.
Les plateformes sont un frein, les gens ont besoin d’un flux continu qui alimente leur besoin.
Il y a eu « concurrence » entre des groupes citoyens axés sur le troc.
Déborah :
Peut-être que les gens ne viennent là pour « changer le système »
Emeric :
Sortir de la monnaie ne parle pas au grand nombre. Ça a été notre pire café citoyen.
Déborah :
Moi je travaille dans une entreprise jeune, assez tournée vers l’ESS, et un jour, un type commence à parler « monnaie locale », ce qui a provoqué l’exclamation
« Mais le gars est totalement perché ! »
On était 4 autour de la table, 3 n’avaient jamais entendu parler de monnaie locale.
( voir la monnaie miraculeuse)
Emeric :
Laisser émerger, remobiliser par des formations, le manque de méthode nuit à la fluidité, mais change l’auditoire.

Déborah :
La méthode a du mal à passer auprès des gens. En tant qu’organisateurs, on oscille entre « pas de leader » et « il faut embarquer les gens ».
Il y a une fausse analyse sur la place du leader, hyper au clair sur les limites de son rôle. Ne pas confondre « chef » et leader. On a manqué de cette réflexion dans la dynamique de groupe. Ca génère des suspicions, des non-dits destructeurs.
Emeric :
C’est quand tu parles d’humain à humain que tu obtiens des résultats. C’est en cassant les codes que tu es récompensé.
Déborah :
Un exemple : on s’était juré de ne pas être un bête groupe d’opposition, mais bon, quand tu es énervée, t’es énervée quoi.
Et pendant le conseil, je pose la question d’avoir l’accès à des informations cachées, en parlant de façon un peu rude au conseiller de la majorité concerné.
Je regrettais cette façon de faire, et « synchronicité ! », le lendemain, en commission, je le croise, je vais le voir pour m’excuser, ce qui l’a hyper touché, tellement ça ne se fait pas d’ordinaire.
« Bah, ça fait partie du jeu » me dit-il
« Et normalement, ça ne devrait pas être un jeu à jouer » répondis-je. « On se fait enfermer dans des postures, et je tenais à vous dire que je n’étais pas à l’aise avec la façon dont j’avais posé ma demande. »
Du coup on a commencé à se parler, à revenir sur le conseil de la veille, jusqu’à rire ensemble
« De toute façon, si j’avais eu un problème, je serais venu vous voir à la fin du conseil, pour vous dire que je n’avais pas apprécié »
« Oui, mais à la sortie je n’aurais pas pu vous accueillir, en fait »
« Vous avez raison, moi non plus, deux jours après c’est bien ».
Du coup, il me confie que la parole de la maire n’engage qu’elle, et qu’il lui arrive souvent d’être en accord avec mes propositions.
En cassant les codes, juste en disant que le ton qu’on avait employé n’était pas « juste », on se remet dans une relation humaine.
C’est une posture non calculée, mais avec la conviction que le lien doit se travailler, même avec l’opposition. Je peux supposer que maintenant, il m’entendra mieux.
Considérer le Conseil comme un groupe, permet de voir le besoin de désamorcer certains conflits.
Il y a des escalades dans les conseils municipaux, c’est de plus en plus rude, comment tout ça va se finir ?