Collectif tous acteurs de notre ville, septembre 2018 :
A la suite du passage de Tristan Rechid, un groupe d’habitants se décide à lancer un cycle de cafés citoyens.
En reprenant le slogan de Tristan « le politique c’est l’habitant », a émergé l’idée de stimuler les énergies dans la ville, de bien dire que ce cycle existe parce qu’il va y avoir des élections en 2020.

Deborah :
A la base, tout est parti d’un groupe de parents d’élèves, qui se retrouvent d’un coup autour d’un même projet, qui partagent des valeurs, et surtout se rendent vite compte qu’ils prennent plaisir à faire des choses ensemble. Certains sont devenus des amis, et très vite on s’est rendu compte que là était le moteur du groupe, qui aspirait à aller plus loin que « juste » se voir.
A la base du Collectif, il y a Loïc et Julien, c’est sûr.
Comme beaucoup d’histoires, ça a commencé en faisant la fête, il faut alterner des moments de construction, de travail, avec d’autres où tu te laisses te désinhiber et où tu fais la fête.
C’est sans doute comme ça que Loïc un jour s’est fait piéger :
« eh, Lebez, t’es même pas cap’ de te présenter à la mairie ! »
Et hop ! Au chaud de la soirée, tout le monde en est, et le lendemain, la question, c’est « qu’est ce qui va émerger de tout ça ? », quand on a admi que le vrai moteur c’est la fête, la désinhibition.
Et voilà, quelquefois, ce genre de soirée débouche sur une action concrète.
Loïc, sentant qu’il y aurait du monde derrière lui, s’est dit, « ok on y va ! »
La campagne de 2014 a été une vraie période d’euphorie. Plus besoin de dormir, on trouvait le temps qu’on pensait ne pas avoir pour faire d’autres choses que notre boulot. C’était avant tout une aventure humaine, amplifiée par ce que ça portait de défense des valeurs auxquelles on tenait, la place du citoyen dans la vie locale, etc, des choses que je n’imaginais pas qu’on pousserait comme on l’a fait. Même si j’avais déjà monté des actions associatives, des spectacles à 80 personnes, etc…
Ça m’a sorti de mon train-train quotidien, à la grande surprise de Loïc qui ne me voyait pas comme ça.

Emeric :
L’aspect humain était fondamental, y compris avec les gens qu’on découvrait au fur et à mesure, plus que le projet, dont l’aboutissement était encore incertain.
On a commencé par des réunions à domicile chez l’habitant, avec les parents d’élève. La phase suivante, c’était plus compliqué, interpeller les habitants sur les affaires de la commune c’est vraiment difficile hors des campagnes électorales, la deuxième période de campagne, 2020 est restée sur cette dynamique un peu folle, avec des réunions à plein de gens, toujours chez l’habitant, joyeusement bordélique, avec pas mal d’engueulades, il y a ceux qui veulent l’action directe, (tricot d’habillage urbain, etc…), d’autres ne voyaient que ce qui se passait au conseil municipal. Certains s’intéressaient à l’organisation municipale, d’autres pas du tout.
C’est sans doute ça qui donnait l’impression d’une mauvaise organisation, les gens s’en allaient, mais seulement au bout de 2/3 heures de réunion, ce qui est déjà bien.
Deborah :
Oui c’est clair, on a perdu du monde par manque de structure.
Du coup ces réunions devenaient très chronophages, on ne s’amusait plus.
Moi-même, si Emeric n’avait pas cultivé le lien, s’il n’y avait pas eu la proximité des amis, j’aurais décroché.
La confrontation au politique n’a rien arrangé, la situation d’élu en 2014 pour Loïc a été difficile, car les élus de la majorité se sont, d’une seule voix, acharnés contre lui pour lui reprocher d’être dans l’opposition, il se retrouvait seul au champ de bataille.
Le Yarn bombing a montré le potentiel de l’action citoyenne, mais le fait que nous, organisateurs, avions en parallèle monté une liste d’opposition a « connoté » cette action en la marginalisant comme « hostile ». J’ai mal vécu cette période, parce que le côté humain a disparu, et certains ont quitté l’aventure, parce qu’ils préféraient tourner le dos à la démarche politique pour pouvoir juste « faire » pour la ville.
Aujourd’hui, au Conseil, avec six ans de recul, on constitue un groupe, et en face on a un un autre type de personnes. L’ancienne équipe majoritaire avait tout verrouillé, nous n’avions aucune affinité, on ne se connaissait pas entre majorité et minorité. Aujourd’hui, il y a des gens qu’on connaît dans la majorité, des gens qu’on avait approchés pendant la campagne, et avec qui, même si nous n’avions pas fait les mêmes choix, nous avons construit des liens.
En face, la maire, qui aimerait être un vrai animal politique, mais n’en n’est pas un, ne dispose pas d’un groupe uni permettant cette « boîte noire » qui existait au précédent mandat ; il arrive même que certains membres de la majorité nous disent qu’on a raison.
Il nous semble que la parole citoyenne en 2020 est plus « entendue » qu’en 2014.